Concert de l’Avent: Interview de Jean-Claude Fasel

L’Avent au son du chant choral

Villars-sur-glâne • L’Accroche-Choeur a commandé sa traditionnelle création de Noël à Emmanuel Pittet. Michel Corboz et Leonard Bernstein complètent l’affiche de dimanche.

Depuis son lancement en 1977, la série des Concert de l’Avent de Villars-sur-Glâne se poursuit sans intervalle. Ce dimanche, le 140e rendez-vous brillera à l’agenda musical de la fin de l’année, avec pour ensemble invité l’Accroche-Choeur de Fribourg. Son directeur Jean-Claude Fasel nous dévoile les contours d’un programme varié qui verra l’organiste Vincent Perrenoud, les trompettistes Jean-Marc Bulliard, Martine Sciboz et Didier Conus ainsi que le percussionniste Louis-Alexandre Overney s’allier aux voix des choristes.

Votre concert s’ouvre sur une cantate de Michel Corboz, figure incontournable de la musique chorale romande. Quelle place accorde-t-il à la composition?

Jean-Claude Fasel: Ses oeuvres sont un témoignage d’une époque de sa vie. Lui même ne se considère pas comme un compositeur, mais dans les années 1950 et 1960, lorsqu’il était maître de chapelle à l’église Notre-Dame du Valentin à Lausanne, il a été amené à composer pour ses choeurs dans un but liturgique. La cantate «Notre Dame» fait référence à cette période. Alors qu’aujourd’hui, on fête les 50 ans de Michel Corboz à la tête de l’Ensemble vocal de Lausanne, c’est intéressant de retrouver une oeuvre qu’il a écrite à l’âge de 22 ans. Il s’agit probablement d’une recréation, en tout cas d’une première à Fribourg.

Quel est son langage?

Il fait très fortement penser à la musique française de cette époque-là, empreinte des modalités et de références au chant grégorien qui est la base pour lui. On trouve aussi des réminiscences de Poulenc, de Honegger parfois. Ces influences sont mises enoeuvre avec des moyens simples: un choeur, trois trompettes et l’orgue. L’Accroche-Choeur souhaite aussi montrer par là que cette musique est abordable, qu’elle pourrait très bien être reprise par d’autres choeurs de la région.

Chez Leonard Bernstein, également au programme, le choeur côtoie des percussions…

La «Missa Brevis» de Bernstein est plus exigeante. Datée de 1988, c’est l’une de ses dernières oeuvres. Elle est tirée de la musique de scène «The Lark», dans laquelle des choeurs de coulisses chantent des bribes de latin. Ce matériau, le chef de choeur Robert Shaw s’est dit qu’il fallait le reprendre pour en faire une oeuvre à part. Bernstein a alors réédité un Kyrie, un Gloria, un Sanctus, un Benedictus et un Agnus Dei, d’une durée de douze minutes en tout. Les percussions livrent une série de coups de poing et d’explosions spontanées. Le ton peut être âpre, mais on retrouve aussi la propension de Bernstein à jouer avec les alternances binaire-ternaire. Le potentiel jubilatoire est assez fou.

Puis il y a votre désormais traditionnelle création de Noël. Cette année, la nouvelle oeuvre est commandée à Emmanuel Pittet…

Le choeur crée depuis son 20e anniversaire des oeuvres de Noël à caractère populaire qui puissent être reprises pour renouveler ou nourrir le répertoire de Noël. Emmanuel Pittet, 28 ans et notamment lauréat du concours de composition «Label Suisse» en 2008, était parmi mes élèves de direction chorale au Conservatoire de Fribourg. C’était l’occasion de lui donner la parole, ou plutôt la plume. Alors que les compositions de Michel Hostettler ou Dominique Gesseney-Rappo étaient plus gratinées, je pense que sa partition pourra facilement trouver une place de choix dans le répertoire de tous les choeurs.

Entre populaire, contemporain et sacré, on peut dire que votre choeur aime la diversité!

Même si l’apprentissage demande du temps, c’est une chance de voyager tous azimuts à l’intérieur du répertoire choral. En mai prochain, on proposera un mariage insolite entre le jazz et le chant choral classique. Une nouvelle création, commandée à Thierry Lang, qui prouve qu’on aime visiter tous les recoins! I

Di 17h Villars-sur-Glâne Eglise.

propos recueillis par Benjamin Ilschner – La Liberté