L’Accroche-Choeur de Fribourg honore Mozart

Dimanche 5 novembre au Temple du Sentier, le public mélomane de la Vallée a eu le plaisir d’assister à une magnifique interprétation du Requiem de Mozart, offerte par l’Accroche-Choeur de Fribourg. Le célèbre choeur fribourgeois, dirigé par Jean-Claude Fasel, était accompagné par l’Ensemble Baroque du Léman qui rassemble des jeunes musiciens professionnels. Bénédicte Tauran (soprano), Christel Sommer (alto), Bertrand Bochud (ténor) et Lisandro Abadie (basse) ont assuré brillamment les parties solo du Requiem.

Le Président des Rencontres Culturelles de la Vallée de Joux, M. Nicolas Aubert, était très heureux de compter dans son programme cette formation fribourgeoise qu’il considère actuellement comme le meilleur choeur suisse. Ce dernier concert Oratorio d’une série de quatre, programmés en 2006 par les RC, n’a pas réuni un public aussi nombreux que l’organisateur l’avait espéré. Et pourtant, l’Accroche-Choeur a présenté en première suisse la version de Rio du Requiem de Mozart. Le public a pu découvrir un « Libera Me », composé par Sigismund Neukomm, qui vient achever la célèbre oeuvre du génie dont on fête le 250ème anniversaire de sa naissance.

En préambule au Requiem, l’ « Adagio e Fuga » en Do mineur joué par l’Orchestre Baroque du Léman pose une atmosphère lourde et tragique. Cette musique complexe composée par Mozart en 1783 pour deux pianos (et retranscrite quatre ans plus tard pour cordes) porte avec elle un inexorable sentiment de malheur.

Sous la baguette de Jean-Claude Fasel, choeur et orchestre ont interprété ensuite « Ave verum », sans doute l’oeuvre religieuse de Mozart la plus connue après le Requiem. La lenteur du tempo de cette pièce composée en 1791 nous plonge dans un profond recueillement. Dédiée par Mozart à son ami instituteur Anton Stoll, l’« Ave verum » exprime magnifiquement les sentiments que la mort peut susciter en chacun de nous.

Place ensuite au Requiem, une oeuvre à laquelle de nombreux choeurs s’attèlent. L’Accroche-Choeur, récompensé par deux prix en 1990 lors des Rencontres Chorales Nationales de Charmey, se distingue par la qualité des voix de ses choristes. Aucune faiblesse musicale à l’horizon, la tenue des voix, du début à la fin, est impressionnante. Il faut dire que les choristes, âgés entre trente et quarante ans en moyenne, sont vocalement à la fleur de l’âge. La stabilité des membres du choeur y est peut-être aussi pour quelque chose. A la clarté des voix s’ajoute un équilibre subtil et une fusion parfaite entre les différents registres vocaux, et une aisance du chant autant dans le piano et que dans le forte. Les belles prestations des solistes sont aussi à relever, avec une mention particulière pour le ténor, Bertrand Bochud et la soprano, Bénédicte Tauran.

L’Accroche-Choeur a opté pour une interprétation plutôt classique de l’oeuvre de Mozart, ni foncièrement romantique, ni totalement baroque, malgré l’accompagnement de l’Orchestre du Léman.

Le Requiem de Mozart a la particularité de nous transporter dans de multiples registres émotionnels. A la puissance du « Kyrie » succèdent la violence et la colère du « Dies irae ». L’orchestre se fait discret derrière les voix des solistes qui tantôt se répondent tantôt s’unissent dans le « Recordare ». Dans le « Confutatis », la sonorité aiguë des violons contraste avec la gravité des voix. La rapidité du rythme du « Lacrimosa » nous plonge dans une tourmente que rien ne semble pouvoir arrêter. Cette agitation intérieure s’efface peu à peu pour laisser s’exprimer la luminosité de la louange dans l’ « Hostias », le « Sanctus » et le « Benedictus ». Les sentiments déployés dans ce chant des morts sont finalement ceux qui jalonnent la vie de chaque homme.

A chacun ensuite d’apprécier la nécessité du « Libera Me » que Neukomm propose d’ajouter pour compléter l’oeuvre inachevée de Mozart. Le style de Neukomm se veut volontairement proche de celui de Mozart. Celui-ci a d’ailleurs convoqué plusieurs passages de la messe de Mozart pour écrire cette partition finale.

Ce traditionnel Oratorio, l’avant dernier concert de l’année dans le cadre des Rencontres Culturelles de la Vallée, est à la mesure de la programmation exceptionnelle de 2006, qui a vu se succéder notamment l’Ensemble vocal de l’Auberson accompagné par le Nouvel Orchestre de Genève dans « Les 7 paroles du Christ », la Chorale du Brassus et l’Orchestre Symphonique de Genève pour une Rhapsodie de Brahms, et récemment la Chorale de l’Orient et l’OCL pour un florilège de musique sacrée (Vivaldi, Beethoven, Brahms, Haendel).

Le dernier rendez-vous musical est à agender au 19 novembre à l’Eglise du Lieu. L’Ensemble vocal Féminin de la Vallée accompagné de D. Fuchs à l’orgue interprétera des oeuvres de Mendelssohn, Poulenc, Martinu, Britten et Bach. Ce concert mettra fin à une année riche en émotions musicales.

EL