Les «Laudi» de Suter, c’est le septième ciel

Jean-Claude Fasel dirige près de 300 musiciens et choristes.

Le chef de choeur Jean-Claude Fasel dirigera samedi une oeuvre mystique et suisse, une oeuvre sans âge et sans doute proche du septième ciel, les Laudi de Hermann Suter, qui sera interprétée par l’Orchestre de chambre de Neuchâtel, la chorale Numa-Droz de La Chaux-de-Fonds, le choeur symphonique neuchâtelois Cantabile et l’Accroche-Choeur de Fribourg. Avec les solistes Audrey Michael, soprano, Graziella Valceva Fierro, alto, Angel Pazos, ténor, et Michel Brodard, basse.

L’oratorio des Laudi est l’oeuvre ultime, la dernière et la plus grande du compositeur bâlois. Les forces réunies par Jean-Claude Fasel devraient faire l’affaire: près de trois cents musiciens! Mais ce chef est toujours soucieux d’une certaine délicatesse, il sait dire les choses avec finesse, comme il convient pour cette oeuvre d’un bleu céleste.

Car l’atmosphère des Laudi évoque infailliblement celle du Syddharta de Hermann Hesse: écrite dans les années vingt en Engadine, face à la nature grandiose et silencieuse – la montagne magique – c’est un hymne fervent à toutes les créatures. Le texte, d’un certain saint François d’Assise, est l’un des premiers textes poétiques en italien, le célèbre Cantique du Soleil.

poésie fraîche

Hermann Suter tire de ce poème enthousiaste et béat neuf tableaux contrastés, images sonores post- romantiques et annonçant (en 1923!) le nouvel âge du Verseau. Tous les éléments y sont, frères et soeurs, l’air, la lune, le feu, la mort et les étoiles s’y aiment d’amour tendre. Le compositeur utilise habilement une céleste chorale d’enfants, représentant la béatitude, toujours en miroir face aux paysages plus mouvementés.

Les tonalités se tiennent sans forcer, la poésie est fraîche comme les couleurs de Piero della Francesca. Il faut bien dire qu’en tant que novateur musical, Suter ne casse rien. Sa musique évoque la gentillesse de Fauré, et se fout complètement du Sacre du Printemps et des courants de la musique moderne. Pourtant on ne l’oublie pas. Hors du temps, parfois quasiment médiévale, parfois en écho moderne à Brahms, cette musique est portée par la sincérité des sentiments et par l’inspiration naturelle de chaque tableau. Simplement parce qu’elle est très belle, l’oeuvre figure régulièrement au programme des choeurs d’oratorio, et semble devoir rester au répertoire pour les siècles des siècles. PhMR

Sa 20 h 15 Fribourg

Eglise du Collège Saint-Michel.

Philippe Mottet-Rio