Ils émeuvent leur chef aux larmes

Concert: la chorale Numa-Droz chante avec le choeur Cantabile et l’Orchestre de chambre de Neuchâtel. Riche aventure pédagogique

«Nous sommes prêts pour ces concerts, les jeunes sont gonflés à bloc», déclare Christophe Haug, directeur de la chorale Numa-Droz, à La Chaux-de-Fonds. Ces deux prochains week-ends, le choeur des écoles secondaires de la Métropole horlogère fait des infidélités à son répertoire la chanson, le jazz et les choeurs d’opéra pour se lancer dans une oeuvre «sérieuse»: «Le Laudi di San Francesco d’Assisi» d’Hermann Suter (1870-1926). Les mômes et leur chef y ont été conviés par le choeur symphonique neuchâtelois Cantabile, en partenariat avec L’Accroche-Choeur de Fribourg et l’Orchestre de chambre de Neuchâtel.

«Je sais qu’au départ les organisateurs avaient songé à engager une maîtrise d’enfants plus «pro». Ils ont finalement décidé de nous laisser la chance de faire cette expérience unique: s’intégrer dans une grande oeuvre.» La chorale Numa-Droz relève le défi en beauté à entendre les réactions des membres de Cantabile: «Je suis frappé par le sérieux de ces jeunes choristes. En tout, nous sommes plus de 300… Ils auraient eu toute latitude pour faire les zouaves s’ils l’avaient voulu.»

Adoration simple

Le chef du choeur neuchâtelois Jean-Claude Fasel est lui aussi tombé sous le charme de leur voix. «La première fois qu’on a répété tous ensemble, il a dû poser sa baguette et aller faire quelques pas dans le temple Farel, tant il était ému aux larmes par leur prestation, raconte Christophe Haug. Lorsque mes élèves me font un coup pareil, je leur mets à chacun un 6!» Le musicien souligne aussi les qualités d’orchestration du compositeur argovien «qui utilise les voix d’enfants comme un registre d’instruments; elles incarnent l’adoration simple qui colore l’évocation de la Création par Saint-François d’Assise.»

Quel est le truc de Christophe Haug pour passionner les jeunes de la sorte? «La musique leur fait du bien. Chanter est une des activités les plus adéquates pour les aider à se sentir bien dans leur corps et dans leur tête. Ils souffrent de notre culture de l’image et du zapping. Le chant, au contraire, met en harmonie la globalité de l’être. Cela mobilise autant le corps que l’intellect, les sens, la sphère émotionnelle et la sociabilité.»

Se produire dans un cadre extrascolaire, en collaboration avec des adultes et des musiciens professionnels, a eu un impact fort sur les ados. Ce qui ne signifie pas que la préparation s’est déroulée sans efforts. «Au début, j’ai dû les conquérir. Ils n’ont pas l’habitude de n’avoir que des interventions décousues dans un concert. Cela leur demande beaucoup de concentration. Mais comme ce programme se travaillait en plus des heures normales de chorale, je pouvais compter sur une équipe motivée.» L’acquisition de la partition s’est faite de manière assez instinctive: «La musique, ça se comprend surtout par l’expérience.»

La Chaux-de-Fonds, L’Heure bleue, salle de musique,
samedi 13, 20h15, dimanche 14 novembre, 17h.
Fribourg, samedi 20, 20h15

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Yvonne Tissot