L’Accroche-Choeur excelle dans ses choix

Un bémol pour les romantiques allemands. Des dièses pour Kodály, Bernstein et les chants de Noël

Depuis le Requiem de Duruflé, il y a deux ans, on n’avait plus entendu l’Accroche-Choeur dirigé par Jean-Claude Fasel. On se réjouissait donc d’écouter le choeur fribourgeois à ses concerts de l’Avent, dimanche en fin d’après-midi à Broc, dans un programme croisé d’oeuvres différentes, allant des motets romantiques allemands aux choeurs de Kodály, d’une messe de Bernstein à toute une série de très beaux chants de Noël.

Quelques choeurs de la région ne chantent pas très bien les romantiques allemands. Hélas, l’Accroche-Choeur en fait partie. Dans trois des Sechs Sprüche opus 79 de Mendelssohn, si la justesse est excellente, le timbre et l’esprit font défaut : les voix hautes sont dotées d’une teinte enfantine; le style manque en général de profondeur. Dans le motet Es ist das Heil uns kommen her opus 29 N° 1 de Brahms, la construction des thèmes de la fugue, parfois trop hachés, a quelque chose de fabriquée.

Les choeurs de Kodály conviennent mieux à l’Accroche-Choeur. Le célèbre Veni Emmanuel est chanté avec sensibilité et l’Hymne à St-Etienne, et ses mots accrochés à la musique, dans une intense ferveur.

CLOCHES TINTINNABULANTES

Point central de son programme, la Missa Brevis (1988) de Leonard Bernstein est un grand moment du concert. Dans cette musique archaïque, parsemée des tintinnabulements des cloches (avec Louis-Alexandre Overney aux cloches tubulaires), les voix de l’Accroche-Choeur ont le  » grain  » et la couleur vocale, la précision rythmique qu’il faut. De plus, la voix soliste d’alto sans fard de Liliane Galley confère à l’oeuvre un caractère hiératique. Une oeuvre d’ailleurs étonnante, multiformes (associant les vieilles psalmodies juives à des accords modernes), qui se termine, quelle surprise, par les rythmes  » nègres  » du tam-tam accompagnant le Dona Nobis Pacem !

RAVISSANTS NO LS

Enfin, dans une série de chants de Noël, l’Accroche-Choeur ravit. Que ce soit dans les chants de  » saison  » comme le très bel Hiver vient aux fenêtres d’André Ducret sur un texte de Jean-Dominique Humbert, ou ceux, abondants, de Noël, comme ce bouleversant Le petit Jésus est né de l’abbl Kaelin, le très délicatement harmonisé Entre le boeuf et l’âne gris de René Oberson, l’émouvant Noël tzigane de Francis Volery, l’adorable Pè vè la miné de l’abbé Bovet ou le charmant Il est né le divin enfant harmonisé par Louis Ruffieux.

Dimanche soir dernier à Broc, l’Accroche-Choeur a si bien chanté ces chants de Noël qu’il neigeait délicieusement à la sortie de leur beau concert !

Bernard Sansonnens