En 10 ans, l’Accroche-Choeur est allé du terroir vers un répertoire plus universel

EN VEDETTE. Après le « Roi David » d’Honegger, le choeur s’est ouvert les voies du grand répertoire.

 » Un simple choeur de plus dans le kaléidoscope de la vie chorale fribourgeoise « , avait-on dit en 1989 lorsque fut fondé par Marie-Claude Chappuis et Marc Agustoni L’Accroche-Choeur. Ou encore:  » Un choeur de jeunes avec des écharpes multicolores autour du cou « . C’était vrai. Sans compter que dans la musique comme dans la vie, tout évolue, et que ce charmant petit Accroche-Choeur chantant du Rutter et des negro spirituals avec l’extraordinaire mezzo-soprano Marie-Claude Chappuis allait, sous la direction, dès 1992, de Jean-Claude Fasel poursuivre, certes sur cette voie, mais aussi s’ouvrir au grand répertoire.

CHANGER DE CAP

Voilà donc dix ans que L’Accroche-Choeur existe !  » Au départ, nous étions un choeur généraliste. On tâtait les oeuvres de la Renaissance à nos jours « , explique son fondateur Marc Agustoni. Mais l’actuel directeur Jean-Claude Fasel le dit aujourd’hui :  » Un choeur qui fait de tout, c’est maintenant suranné. Je préfère nettement des programmes thématiques, pédagogiquement et artistiquement plus intéressants « . Le choeur, , cependant, était bien parti.  » Avec un petit plus grâce à la personnalité de Marie-Claude Chappuis « , laisse entendre Marc Agustoni.

Il aura fallu trois à quatre ans à Jean-Claude Fasel pour faire changer lentement de cap à L’Accroche-Choeur.  » Nous avons commencé par chanter des motets de Bruckner, puis de Rheinberger, également de Fauré. Puis le grand déclic pour le choeur fut l’apprentissage du Requiem de Duruflé présenté avec succès en 1996 à Guin.  » Pourtant, on cultivera toujours le répertoire fribourgeois, afin de nourrir nos racines. Après avoir chanté du Joseph Bovet, Schubert nous est plus familier. En chantant du Pierre Kaelin, on prend conscience de la filiation de sa musique avec celle d’Honegger et du jazz « , signale Marc Agustoni.

Depuis 1995, L’Accroche-Choeur a été en progressant. Ainsi glane-t-il le premier Prix catégorie choeur mixte et le second du classement général au concours de l’Union suisse des chorales de Crans-Montana en mai 1995.  » Le rapport de perception musicale entre le chef et les choristes s’en est trouvé amélioré « , indique Marc Agustoni. De plus, il y a eu le disque de Noël 1997 qui fut un grand succès.  » Ce disque de Noël a donné une seconde vie au choeur « , confie Jean-Claude Fasel.  » Il a également confirmé notre option : s’adonner au beau chant populaire du terroir en même temps qu’au grand répertoire d’oratorio « .

Enfin, L’Accroche-Choeur rentre dans la cour des grands après sa fantastique version, en avril de cette année à l’église du Collège St-Michel, du Roi David d’Honegger.  » La reconnaissance de la réussite de notre interprétation par Michel Corboz lorsqu’il l’a écoutée sur disque fut le plus beau compliment que j’ai reçu depuis huit ans de direction  » s’exclame Jean-Claude Fasel.

UN AVENIR NOURRI

Après une prestation de musique vocale française ce week-end aux concerts de l’Avent de Villars-sur-Glâne, L’Accroche-Choeur apprendra le Stabat Mater de Rheinberger ainsi que de nombreux extraits de la Musikalische bung du compositeur Willy Burkhard, (on fêtera l’an prochain le 100e anniversaire de sa naissance et le 50e de sa mort). L’oeuvre, très longue et pétrie de postromantisme, sera donnée lors des Schubertiades d’Ouchy, en Thurgovie et à Berne durant l’année 2000.

En l’an 2001, l’Accroche-Choeur ne chômera pas non plus puisqu’il passera commande à plusieurs compositeurs, notamment à Dominique Gesseney-Rappo, et gravera sur disque toute une série de nouveaux chants populaires d’ici. Décidément, L’Accroche-Choeur de Fribourg entame bien sa deuxième décennie d’existence !

Bernard Sansonnens